| Tu m'invites ?

~ Tu m’invites ? - [ LLOYD ]
L’s Theme.
Gretel était monté dans le bus. Par la sortie. Elle ne tenait pas à se faire contrôler sans billet. Elle ignorait dans quelle direction il allait, mais il était encore tôt, le jour tombait à peine sur Purple Town, et puis il lui suffirait de le reprendre dans l’autre sens pour rentrer. Elle s’accouda et se laissa emporter, la tête ballotant au rythme saccadé du moteur. En regardant par la fenêtre, elle se demanda si le plus sûr n’était pas d’être à l’intérieur de l’autobus. Elle avait plus de chance d’avoir un accident vu la vitesse à laquelle le chauffeur conduisait, mais en même temps elle n’aurait pas aimé croiser la route du véhicule en tant que piétonne. Elle cilla. S’aperçut qu’elle s’en fichait bien, au fond, et ferma les yeux. Le bus s’arrêta quelques instants plus tard, et une dizaine de passagers ayant l’air d’une joyeuse bande se leva. Les jeunes filles étaient lourdement maquillées et les jeunes hommes arboraient leurs plus noirs et élégants costumes. Gret’ se leva et descendit en hâte derrière eux, avant que les portes ne se referment.
Elle les suivit de loin le long du trottoir, les néons s’allumaient alentour. Les fêtards s’arrêtèrent devant une enseigne particulièrement riche et colorée. Le Red Cabaret. La jeune fille connaissait cet endroit, ou plutôt elle en avait entendu parler. C’était l’endroit idéal pour s’amuser paraissait-il, et apparemment les jeunes gens qui la précédaient en avaient l’air convaincus. Ils entrèrent et la blonde se pressa derrière eux. Des rires et des bribes de conversations raisonnèrent à ses oreilles. La soirée était déjà bien entamée par ici. Il y avait du monde. Des tables de jeux où l’on pariait. De l’alcool. Des fumées de toutes sortes aussi. L’adolescente ouvrit de grands yeux. Toutes ces personnes était pleines d’argent, et aimaient le dépenser pour, le temps d’une soirée, se sentir au centre de la vie mondaine. Tout le monde ici avait l’air d’avoir oublié que, le lendemain, il leur serait impossible de sortir de leur lit sans que le monde entier tangue autour d’eux. Mais ça, même la jeune fille n’en avait pas conscience. Gretel se dit qu’elle aimerait passer sa vie dans des endroits pareils. Elle s’approcha du comptoir, suivie par deux ou trois regards inquisiteurs. Elle n’avait pas d’argent. Il lui faudrait se faire inviter par un jeune homme aimable. Elle avait plutôt l’embarras du choix, mais elle ne tenait pas à choisir un frimeur en costume. Cela réduisait le nombre de candidats de moitié. Alors, cet homme brun, là-bas ? Ah non, attends qu’il se retourne ma Chips, tu vois qu’il a la quarantaine solide. Laisse tomber. Ou bien le blond ici ? Il a l’air d’avoir déjà bu un sacré coup. Ou alors il ne tient pas du tout l’alcool. Comme toi. Mais bon, tu préfères les hommes qui tiennent sur leurs jambes hein ? Il te reste celui qui est assis là. Les cheveux noirs mi-longs. Il est agréable à regarder, même plutôt beau. Les yeux dorés. Je n’en ai jamais vu de pareils. Allez Gretel ma puce, lance-toi, approche-toi de lui, dis quelque chose.

La jeune fille s’avança d’un pas léger vers l’inconnu. Elle était subjuguée par ses yeux. Elle chercha au fond de sa mémoire engourdie une quelconque phrase un peu bateau qu’elle aurait entendue dans un hypothétique film. Elle adressa un grand sourire à l’homme qu’il n’eut pas l’air de remarquer. Elle n’aurait pas su dire quel âge il avait. Il paraissait absorbé dans ses pensées, et cela lui donnait un air mystérieux qu’elle aimait bien. Gretel leva la main droite et l’agita doucement devant lui.

- Bonsoir, est-ce que nous nous sommes déjà vus quelque part ?

Elle ne se souciait pas de ce qu’il répondrait. L’important était d’avoir engagé la conversation. Elle espérait juste qu’il serait aussi sympathique qu’il était engageant. Même si, pour elle, n’importe qui était engageant. Mais ce jeune homme-ci avait quelque chose en plus. Il avait du charme, ce qui était malheureusement assez rare. Enfin, sans le connaître, la blonde ne pouvait rien affirmer. Elle se demanda s’il serait du genre courtois ou juste avenant ; ou à l’inverse méprisant et froid ? Ce qui est sûr c’est qu’elle avait envie de faire connaissance avec lui. Le mieux pour cela était encore de l’aborder, non ? Ce n’était qu’un début.

ab a c k m o n s t e r t h e i n blahblahblah m y owjohn b a t h .

« Je cours, je cours rapidement. Je m'échappe, je fuis. Je fuis ces ombres, ce carnage. Je vois ses hommes qui me poursuivent. Les hommes de Magic Mirror. Ils m'attraperont si je ne cours pas. Je fuis, je fuis. Il n'y a rien d'autre à faire, je ne veux pas mourir. Je sens les balles qui sifflent près de mon oreille droite. Merde, putain de merde, je suis touché. Le balle m'a transpercé le torse.

Je fuis, je fuis, je cours encore. Il n'y a rien d'autre à faire, je ne veux pas mourir. Je saigne, beaucoup. J'arrache ce qu'il restait de ma chemise et m'en fait un pansement maison.

Je fuis, je fuis, je cours encore. Mon torse est devenu rouge sang. Une autre balle me touche, je tombe à terre. Je m'écrase contre le trottoir. Je vois sa tête d'ignoble monstre, il me sourit. Puis il se met à rire.

Il me donne des coups de pieds dans le corps. Je crie, je souffre. Il m'écrase les doigts. Il me le casse un par un. Je hurle, je souffre. Mais je ne meurt pas, pas encore. Il me crache dessus, sa bave est dégueulasse.

Il sourit encore. Il rit encore.
Je souffre encore, je hurle encore. »

Lloyd se réveilla en sursaut, il était couvert de sueur. C'était la première fois qu'il faisait ce rêve. Il chercha sur la table de nuit son paquet de cigarette. Il en sortit une, il l'alluma. Il la mit, lentement dans sa bouche, en pensant à tout ce qu'il venait de se passer. Il regarda la vieille horloge suspendue au mur, elle indiquait 20 heures 10 . C'était l'heure d'aller au Red Cabaret pour un rendez vous important avec un de ses sniper d'élite. Le rendez vous était pour 22 heures mais, s'il venait plus tôt il aurait le temps de jouer au poker.

Lloyd monta dans sa voiture volée. Il démarra d'un coup sec. Il roula le long de la ROAD 666. Il arriva en ville et se gara dans le parking du Red Cabaret. Il entra dans le grand parking où les voitures étaient toutes plus chères, les unes que les autres. Il entra dans le grand bar.

Une serveuse, plutôt sexy, lui apporta sa bière. Il fit un « merci » d'un ton nonchalant. Il était perdu dans ses pensées obscures. Il repensait à son rêve la douleur qu'il avait ressenti lorsque les balles lui avaient transpercées le dos. Une blonde s'approcha de lui, elle vait l'air plutôt jeune. Il l'ignore jusqu'à ce qu'elle dise :

« Bonsoir, est-ce que nous nous sommes déjà vus quelque part ? »

Elle avait l'air gentille. Elle était belle. Lloyd regarda autour de lui voir s'il n'y avait pas une affiche où on le voyait avec une tête mise à prix à 10 000 000 W$. C'est bon, R A S, rien à signaler. Il lui sourit et d'une voix qui se voulait gentille fit :

Il passa sa main dans ses cheveux et continua :

C’était étrange, cette manière qu’il avait eu de lever la tête vers elle avec l’air de s’y attendre. Elle ne l’avait pas surpris le moins du monde et elle devait avouer que ça la décevait un peu. Elle avait presque oublié où elle se trouvait : le Red Cabaret. Ici plus que nulle part, bien qu’elle soit jolie, elle n’était pas celle qui attirait le plus les regards. Par exemple, cette brune aux paupières épaissies par le maquillage et à la robe provocante qui faisait tapisserie près de la table de billard ne s’en sortait pas si mal, elle faisait même un meilleur score que l’adolescente. Gretel se sentait défiée sur son terrain. Elle savait qu’elle était plus belle que la moyenne. Elle se redressa donc imperceptiblement et dégagea les cheveux qui tombaient sur son cou en jetant un regard en coin vers la jeune femme au sourire aguicheur.
En même temps, il lui avait souri presque tout de suite, et ça par contre ça lui avait plu. Mais il avait eu un réflexe bizarre, que Gretel n’avait pas su comment interpréter. Il avait tourné la tête à droite et à gauche, comme s’il cherchait quelqu’un. Avait-il cru que ce n’était pas à lui qu’elle s’adressait ? Ou peut-être n’était-il pas venu seul ? La Chips avait suivi son regard mais elle n’avait rien remarqué. Elle s’inquiétait sûrement pour rien. Il lui répondit qu’il ne pensait pas l’avoir déjà croisé, et elle acquiesça distraitement en se replongeant dans ses yeux jaunes. En effet, rien ne les empêchait de faire connaissance. Rien du tout. La blonde cilla, la fumée lui montait légèrement à la tête.

- Je m'appelle Lloyd.

- Et moi Gretel.

Elle avait répondu rapidement sans réfléchir. Mais peut-être que, pour une jeune fille, dire son nom comme ça d’entrée de jeu n’était pas très poli ? Bon, ce qui est fait est fait. Il faudrait quand même penser à être un peu plus prudente, pourquoi ne pas donner tout de suite son nom de famille et son adresse aussi !? Elle faillit le faire, par moquerie d’elle-même mais elle se retint, en pensant à Hansel. Il était célèbre lui, et parfois il est possible d’avoir un homonyme, mais Gret’ était tout bonnement le clone de son frère. Ils n’étaient pas jumeaux pour rien. Enfin bon, assez parlé de ton frère. Lloyd, reviens à lui petite. Quel prénom il a, c’est assez surprenant, en fait il a l’air d’un jeune homme surprenant à tout point de vue. L’adolescente dévisagea son interlocuteur pendant quelques secondes encore puis se dit qu’il fallait poursuivre la conversation, mais le mouvement des cheveux noirs lorsqu’il y avait passé la main l’avait fascinée. Elle émergea tant bien que mal et dirigea son regard vers le verre de Lloyd, à moitié plein, qui était resté devant lui. L’alcool ne la tentait pas trop, elle avait peur de ne pas supporter. En même temps elle se voyait mal demander une boisson non-alcoolisée dans le cabaret le plus en vogue de la ville, et ça constituerait presque un affront pour Lloyd qui était, sans le savoir bien sûr, sur le point de l’inviter. Et puis, comme c’était sa tournée il n’avait qu’à choisir lui-même ce qu’il lui offrirait.

- Alors… Qu’est-ce qu’on peut boire ici ?

Que des bonnes choses, elle s’en doutait mais elle était indécise. Et à son grand désarroi elle n’était pas sûre de pouvoir trouver un milk-shake satisfaisant dans les environs. Mais malgré tout, elle n’aurait voulu être nulle part ailleurs. Elle fixa encore le jeune homme qui lui faisait face. Quelle importance ce qu’on lui servirait avait-il ? Elle boirait volontiers n’importe quoi en sa compagnie. Elle avait l’impression de glisser sur une pente douce, c’était assez vertigineux, plutôt agréable, et elle sentait que c’était un peu dangereux aussi. C’était vraiment un garçon hors norme. Mais elle n’arrivait pas à avoir peur, à cause de sa légère euphorie et de sa naïveté sans doute. Elle attrapa un tabouret à quatre hauts pieds métalliques, l’approcha de celui du brun et se hissa pour s’asseoir, un coude posé sur le comptoir. Elle tapota la surface de métal lisse comme un miroir de ses ongles vernis et lui sourit en le regardant à moitié entre ses cils.

La chance est un hasard, *
le bonheur une vocation.

passe ta souris.

TOMATO KETCHUP

« Et moi Gretel. »

Gretel, ce nom il le connaît. C'est la soeur de Hansel. Lloyd et l'adolescent ce sont déjà battu, pour une histoire de drogue. C'était il y a quelques années quand il n'était pas encore chef de la Mafia. Quand il se cachait. Lors de ce combat Lloyd avait aperçu cette petite fille à l'air chétif qui regardait son frère, elle était apeurée, elle pleurait en silence, de peur de se faire tuer. Mais il le connaissait aussi parce que c'était un disciple du Magic Mirror. A huit ans, lors de la grande guerre, Hansel avait assassiné les deux tiers de la noblesse. Ce gamin était un monstre. Soudain, la voix de l'adolescente lui rappela qu'ils étaient en pleine discussion :

« Alors… Qu’est-ce qu’on peut boire ici ? »

De l'alcool. Il n'y a que ça. Le Red Cabaret c'est pour les gens tristes, les pauvres qui se croient riches, les alcooliques, les oubliés, les divorcés, les suicidaires, les bandits. Ces personnes qui noient la peine dans l'alcool. Devant des strip-teaseuses anorexiques sur leur barre sans vie. Lloyd pointa du bout de son menton, la carte des alcools qui ressemblait plus à un annuaire téléphonique qu'à une carte. La blonde partit chercher un tabouret métallique et l'escalada pour se retrouver assis au niveau de Lloyd. Gretel était vraiment le portrait craché de son jumeau. Les mêmes cheveux blonds, les mêmes yeux bleus d'une infinie profondeur. Lloyd caressa la joue de l'adolescente, lentement. La même texture de peau, une peau douce. Une peau blanche. Il sourit à la blonde. Il lui sourit sincèrement et fit :

« Ton frère va bien ? »

Il prit son verre de bière, et le finit d'un coup. D'un coup de tête, il dégagea les cheveux qui cachait son front. Alluma une cigarette. Et recracha la fumée. Il sourit encore, la regarda droit dans les yeux. Merde, il était amoureux.

[ Pas très long D: ]

Lloyd avait l’ait d’un garçon assez sûr de lui mais malgré tout, il se laissait distraire. La conversation avait l’air de lui échapper complètement. Ça ne posait aucun problème à Gretel, qui le trouvait de plus en plus mystérieux et aussi très mignon, mais il lui semblait tout de même qu’il lui rappelait quelqu’un sans qu’elle puisse se souvenir où elle l’avait croisé. Il mettait de plus en plus de temps à lui répondre et n’avait pas l’air d’avoir envie de parler de boissons. Il lui indiqua la carte où ne figuraient que des noms d’alcool, comme l’adolescente s’y était attendue. Pourquoi dans un endroit d’apparence aussi joyeuse saoulait-on les gens ? La lassitude des clients qui cherchaient à oublier leurs vies misérables en se grisant quelques malheureuses heures durant avait totalement échappé à la blonde. Elle était trop naïve et trop optimiste pour comprendre ce genre de choses, mais ce qu’elle comprenait c’était que Lloyd la regardait depuis plusieurs secondes d’affilées. Décidemment, bien qu’au départ elle pensait juste trouver n’importe quelle phrase pour l’aborder, elle était persuadée de l’avoir déjà vu. Il leva la main et elle attendit de voir ce qu’il allait faire sans esquisser un mouvement, comme il la regardait toujours dans les yeux. Sa paume se posa sur sa joue, et glissa doucement. Gret’ ne rougit pas, mais le rythme de son cœur s’accéléra un peu quand il lui adressa à nouveau un sourire, plus large que le premier. Elle le lui rendit en essayant de ne pas prendre un air complètement niais et béat.

- Ton frère va bien ?

Elle faillit s’étouffer de surprise lorsqu’il lui posa cette question et vacilla légèrement sur son tabouret. Elle cala sa tête sur sa main et fronça les sourcils en faisant un effort de mémoire ; s’il l’avait reconnue ils se connaissaient forcément. Ou peut-être n’avait-il rencontré qu’Hansel ? C’était une possibilité car ces derniers temps elle suivait de moins en moins les exploits de son frère, et laissait les journaux et leurs gros titres assommants s’entasser dans un coin sans prendre la peine de les lire. Elle savait que c’était un héros admirable, ce n’était pas la peine de le lui rappeler sans cesse. Il était parfait, sans aucun doute le plus gentil et le plus courageux – du moins le croyait-elle avec toute sa conviction de petite sœur. Lloyd attrapa son verre et le vida d’un trait, tandis qu’elle fouillait toujours le plus petit recoin de son esprit. Elle poussa une petite exclamation lorsqu’elle le retrouva enfin et se redressa, sur la défensive. Le jeune homme secoua la tête pour chasser sa frange noire, puis il chercha quelque chose dans une de ses poches. La blonde eut peur de le voir sortir une arme, mais au lieu de ça il tira tranquillement une cigarette de son paquet et l’alluma avec un grand calme. Elle était sûre que c’était lui avec qui Hansel s’était battu quelques années plus tôt, elle ne savait pas pourquoi mais elle avait bien compris lorsqu’elle avait retrouvé son frère en piteux état qu’il s’agissait d’un ennemi redoutable. D’ailleurs, elle avait assisté à la bagarre, ni l’un ni l’autre n’y étaient allé de main morte. C’était l’un des échecs les plus cuisants que son jumeau avait essuyé, et aussi l’un des seuls. Elle aspira de la fumée qui se dégageait de la cigarette de Lloyd et eut un peu envie de tousser, mais elle ne voulait pas passer pour une petite fille devant lui. Il lui sourit pour la troisième fois et continua de la regarder avec le même air nonchalant. Il ne manquait pas d’air. Ha… Ça lui plaisait encore plus.

- Il s’est bien remis, lâcha-t’elle les yeux rieurs.

Sous-entendu : La prochaine fois tu ne le battras pas si facilement. Elle sourit et découvrit ses dents blanches. Fin du message subliminal. Elle savait que son frangin voulait prendre sa revanche et elle lui aurait bien dit où son adversaire se trouvait, malheureusement lorsqu’elle en avait un sous la main elle ignorait où se cachait l’autre. Mais bon, ce n’était pas important, son but n’était pas de gâcher une soirée qui s’annonçait si bien. Gret’ se tranquillisa l’esprit en suivant des yeux la fumée qui montait vers le plafond en s’étirant en une longue spirale. Il ne lui fallait pas grand-chose pour se calmer et se redonner un peu de courage – et par la même occasion lui faire oublier en face de qui elle se trouvait. Elle regarda Lloyd et dit avec aplomb :

- Et il en entendra parler, si je ne passe pas une bonne soirée avec toi.

Elle avait de plus en plus envie de s’amuser. Voyons ce que le jeune homme avait à lui proposer.

l o v e l o v e l o v e

Gretel faillit s'étouffer lorsque il prononça le mot frère. En effet, elle ne devait pas avoir l'habitude de parler de lui à un parfait inconnu. Mais elle réussit à dire avec un regard qui se voulait moqueur :

Il s’est bien remis

Lloyd, mordit sa lèvre inférieure. Hansel s'était reçu plusieurs balles dans les côtes. Dont une balle qui aurait dû lui être mortelle. Cela lui apprendra à ne pas lire les journaux. Il repassa sa main dans ses cheveux. La cigarette avait fini de brûler. Lloyd la jeta par terre d'un mouvement nonchalant. Si Hansel décidait de prendre sa revanche, il finirait mort. Maintenant le jeune homme avait à son service une armée surpuissante. Composée de tireurs d'élites, d'amateurs de bombes et de bazookas. Lloyd se perdit encore dans ses pensées. Il se souvenait de ce tueur encore en liberté, il le revoyait encore assassiner les fidèles de la Reine de Coeur. Gretel reprit :

Et il en entendra parler, si je ne passe pas une bonne soirée avec toi.

Lloyd se mit à sourire. Il espérait bien que Hansel entendrait parler de lui. Il espérait que Hansel viendrait prendre sa revanche. Et peut-être ce denier savait où se cachait Magic Mirror... Il regarda sa montre, le sniper n'était pas encore là...

« Tu vas passer la meilleure soirée de ta vie. »

Lloyd regarda Gretel et lui sourit en encore. L'adolescente était vraiment très belle. Il prit les mains de l'adolescente et déposa un baiser sur son front. Pour une fois, il aurait aimé quelqu'un. Il avait donc encore un peu de sentiments enfouis dans son coeur. Merde, Bordel de Merde. Je suis pas une tapette, je ne suis pas amoureux

« Dieu à créer Jésus pour secourir les hommes. Finalement, Jésus à finit crucifier »

[La dernière phrase il ne la dit pas ? Corrige-moi si je me trompe.]

Le brun avait eu l’air embêté en apprenant qu’Hansel allait bien, mais elle voyait à son expression qu’il n’était pas réellement surpris. Forcément se dit-elle, il devait se douter que son frère n’était pas du menu fretin, c’était le meilleur et elle avait toute confiance en lui. Elle ignorait comment se déroulaient ses «chasses» mais elle avait appris à ne plus s’inquiéter, son jumeau semblait invulnérable – bien que parfois lorsqu’elle le récupérait il affichait plusieurs blessures qui faisaient peur à voir, mais il ne s’étendait jamais sur le sujet. En voyant Lloyd jeter sa cigarette, Gret’ se demanda depuis combien de temps ils discutaient. Leurs réponses étaient très espacées, comme si chacun suivait le fil de ses pensés de son côté en alimentant tout de même un minimum la conversation. Le jeune homme s’ennuyait-il en sa compagnie ? Possible, après tout elle n’était pas extraordinairement intelligente, mais elle pensait avoir assez de personnalité et de spontanéité pour masquer ça. Enfin il avait déjà dû s’en rendre compte, il n’avait pas l’air bête. Elle haussa les sourcils alors qu’il regardait sa montre. Oui, il s’ennuyait manifestement. Elle allait lui faire la remarque mais il lui répondit finalement, tout sourire.

- Tu vas passer la meilleure soirée de ta vie.

Ah bon cela la rassurait au moins sur un point, aucun d’eux n’était venu ici pour rien. Gretel s’apprêtait à dire « Tant mieux ! » mais il la devança en attrapant ses mains et en l’embrassant sur le front. Cette fois elle rougit malgré elle, il était assez démonstratif, mais bon elle avait tendance à tout pardonner aux beaux garçons. Surtout lui. D’ailleurs elle se demanda pourquoi spécialement lui, alors qu’elle avait déjà croisé pas mal d’adolescents séduisants. Il avait un peu plus de charme et surtout il paraissait plus mûr que les autres, c’était cela qui avait dû l’attirer, elle qui était encore une petite fille naïve. Ça et ses yeux dorés ; elle faisait une fixation là-dessus, il faudrait y penser sérieusement. Bizarrement, Lloyd lui souriait mais il n’avait pas l’air joyeux, plutôt un peu dégoûté de ce qu’il venait de faire. Quoi, je ne suis pas agréable à embrasser ? Il n’en faudrait pas beaucoup plus pour qu’elle se vexe. S’il le fallait elle trouverait un garçon moins difficile, les volontaires ne manquaient pas. Non, elle n’y pensait pas sérieusement. Quitter Lloyd maintenant lui ferait de la peine, tiens rien que d’y penser elle en aurait presque pleuré. Amusant. Elle avait bien envie de l’embrasser vraiment maintenant, mais ça semblait un peu rapide. Non tout compte fait pas tout de suite, l’entrée en matière était un peu courte à son goût. D’habitude la blonde ne faisait pas tant de manières lorsqu’elle sortait avec un garçon mais c’était différent, elle avait l’impression de se trouver avec un adulte et, sans la bloquer, cela l’empêchait d’aller trop vite. Enfin il ne faudrait pas la pousser beaucoup, elle était tentée. C’était bien compliqué. Trop. Elle lui sourit et leva la main pour attraper le col de sa veste et l’attirer vers elle, le faisant se pencher un peu à cause de leur ~~petite~~ différence de taille. Elle posa son front contre le sien. Pourquoi ce soir avait-elle peur de faire elle-même le premier pas pour tout ? Le pauvre allait finir par se lasser.

- La meilleure je ne sais pas, mais pour l’instant ça s’annonce bien.

L’adolescente ne s’était pas rendue compte qu’en approchant leurs deux visages comme ça, elle se retrouverait à quelques centimètres de ses beaux yeux d’or. Elle les fixait intensément de son regard turquoise et ça n’avait certainement pas échappé à Lloyd. Quelques mèches de cheveux blondes et couleur de jais les gênaient mais elle ne voulait pas les écarter, elle trouvait ça trop romantique – quelle gamine – un peu comme s’ils étaient deux être totalement opposés. Elle n’avait pas à imaginer beaucoup pour ça, elle savait qu’il était un criminel – et pas des moindres, vu comme il s’était battu avec son frère – et qu’il était très mature alors qu’elle n’était qu’une fille frivole. Leur différence de couleur de cheveux et d’yeux l’amusait aussi, et elle les voyait bien comme un couple de drame romantique, cela suffisait à son bonheur et à son imagination. Elle espérait que les yeux perçants du jeune homme ne liraient pas ses pensées, elle aurait trop honte. Mais que voulez-vous, on ne se refait pas.

titre

La meilleure je ne sais pas, mais pour l’instant ça s’annonce bien.

« Je t'aime »

« Merci, c'était magique. »

slide on -

GRETEL

Gretel était complètement sous le charme, et c’était un miracle qu’elle n’ait pas encore éclaté de rire pour alléger l’ambiance qui devenait de plus en plus guimauve. Mais pour la première fois de sa vie elle ne trouvait pas ça complètement con, elle n’éprouvait pas le besoin d’en faire trop, de faire «comme les grands». Elle se sentait étrangement calme, elle qui avait tendance à toujours s’agiter et à rire pour un rien. Elle arrivait à se sentir parfaitement bien alors quelle était en face du chef de la mafia – c’était Hansel qui lui en avait parlé, ça lui était revenu comme ça – elle avait presque du mal à le croire. Il avait l’air tout déboussolé et à vrai dire pas du tout effrayant, lui que tous les bandits et les détraqués suivaient. On aurait dit une jolie flamme de bougie qui attirait toutes les mites et les papillons les plus révulsant, ça la dépassait. Et pourtant c’était bien lui, peut-être qu’il ne faisait que s’amuser un peu avec elle ? Tant pis, elle avait bien envie de se brûler à la jolie flamme de bougie…

- Je t’aime.

P… Putain. Elle ne dit rien du tout et laissa ses poumons se vider doucement sans prendre de nouvelle inspiration. Leurs visages étaient encore plus près l’un de l’autre. La tête commença à lui tourner et elle crut qu’elle allait s’évanouir par manque d’oxygène. Elle inspira brutalement. Lloyd sentait la cigarette, mais elle ne s’en rendit même pas compte. L’adolescent se mordit la lèvre, c’était craquant, on aurait dit un gamin qui fait sa première déclaration d’amour. Ça ne devait pas être le cas. Ce n’était pas non plus la première fois qu’on disait cela à la blonde, mais on ne lui avait jamais fait le coup de la sincérité. Tous les mecs avec qui elle était sortie jusqu’à maintenant passaient leur temps à en rajouter et à jouer la comédie pour l’impressionner. Le jeune homme redonnait un peu de dignité à l’image masculine et elle ne pouvait qu’apprécier. Au-delà de ça… Je crois bien que je l’aime aussi, songea-t’elle avec étonnement. Elle ne prétendait pas s’y connaître en amour, mais elle avait flirté suffisamment de fois pour sentir que c’était différent, et elle en arriva à la conclusion qu’elle avait bien perdu son temps jusqu’à aujourd’hui.
Il s’approcha encore et l’embrassa, une fois encore c’était assez différent de d’habitude. Ça faisait du bien pour une fois de ne pas apprendre ce que l’autre avait mangé la veille. Gretel ferma les yeux – à regrets dans un sens, car elle ne pouvait plus voir ceux de Lloyd –, passa la main dans ses cheveux noirs et la laissa glisser sur sa nuque. Elle releva les paupières lorsqu’il s’écarta d’elle, et ça aussi ça la changeait, qu’on la laisse respirer sans se faire prier. Soit jusqu’ici elle n’avait rencontré que des porcs soit c’était le brun qui sortait de l’ordinaire, mais dans les deux cas il avait eu raison en lui disant qu’elle passerait la meilleure soirée de sa vie.

- Merci, c'était magique.

Hé bien, que de nouveautés ! Pourquoi tous les hommes ne disaient-ils pas ça après vous avoir embrassée ? Lloyd, d’où sors-tu ? Comment ça se fait qu’on ne se soit jamais parlé avant ? Ah oui j’oubliais, tu as essayé d’assassiner mon frère. Bah, je te pardonne va. La jeune fille était sur le point d’imaginer ce que pourrait dire son jumeau à propos de ce qui venait de se passer mais la perspective n’était pas réjouissante et Lloyd attendait une réponse, sans doute devrait-elle la lui donner. Elle n’eut pas besoin de réfléchir beaucoup, elle n’avait qu’à dire franchement ce qu’elle pensait. Même si ça n’avait pas beaucoup de sens.

- A vrai dire, c’était déjà magique avant… Lloyd.

Elle lâcha son cou malgré son envie de se jeter sur lui et replaça une mèche blonde derrière son oreille en souriant. Elle jeta un regard en biais à la femme qui continuait à faire des mines près du billard, et remarqua ses cernes que le maquillage peinait à dissimuler. La bande qu’elle avait suivie pour arriver jusqu’au Red Cabaret entourait une table de poker, les cris et les rires fusaient parmi eux. Une fille avait la tête levée vers eux mais elle se reconcentra sur le jeu en croisant le regard de Gretel. Revenant à Lloyd, Gret’ se demanda si elle devait lui dire qu’elle l’aimait elle aussi ou s’il valait mieux attendre encore un peu. Elle opta pour l’attente et joua avec une de ses barrettes en regardant l’adolescent dans les yeux. Ce qu’il avait fait à son frère restait dans un coin de sa tête sans qu’elle puisse s’en débarrasser et malheureusement même en l’ayant pardonné, elle n’était pas près de l’oublier. Elle recommençait à se sentir à moitié effrayée, tant par lui-même que par ce qu’elle venait de vivre avec lui alors qu’il était… Qu’elle ne savait pas exactement s’il était dangereux ou non.

LLOYD

Le silence, Lloyd n'entendait plus rien. Il ne voyait que la jeune adolescente. Belle. Lloyd était heureux. Sûrement pour la première fois de sa vie, Lloyd souriait sincèrement. Gretel aussi souriait. Mais Lloyd attendait une réponse de l'adolescente. Une réponse qui semblait tarder. Gretel hésitait sûrement. Peut être qu'à son âge, on ne sortait pas avec un adulte. Chef de la MAFIA qui plus est.

A vrai dire, c’était déjà magique avant… Lloyd.

Elle lâcha le cou du brun, Le brun sourit. Ses os lui faisait mal. Il lui faisait mal. Cela arrivait quand Lloyd ressentait beaucoup de choses d'un coup. Ils allaient lui transpercer sa peau. Et ils empaleraient Gretel. Il fallait partir. Il fallait s'en aller. Trouver un prétexte pour partir. Il sortit de sa poche un cachet, un stupéfiant qui fait planer en 10 minutes. On en trouvait sur des arbres qui poussaient dans des grottes. Très cher, très rare

Lloyd savait que c'était mal de mentir. Mal très mal. Surtout à l'élue de son coeur. Il descendit de son tabouret. Il embrassa Gretel, lentement, il passa sa langue sur ses lèvres. Il mit son blouson. Il lui sourit et fit en lui donnant un papier :

Merde, une de ses côtes commençait à sortir, elle transperçait sa peau, sa chemise. Son blouson. Merde. Bordel de merde.

[Amusant o/. *se fait sortir*]

« … Tss.
Elle se rendit vite compte que l’adolescent n’avait pas l’air de se sentir bien, au sourire involontairement crispé qu’il lui adressa. Elle fronça les sourcils et fit un pas vers lui alors qu’il s’éloignait en lui annonçant qu’il avait un rendez-vous, ne sachant pas si elle devait le croire ou non. Gretel ne s’était pas attendue à ce que le brun s’en aille si facilement et à vrai dire elle était déçue. Il avait sorti quelque chose de sa poche, qu’elle regarda sans pouvoir identifier l’objet. Elle se sentait de plus en plus mal à l’aise et avait du mal à empêcher les questions d’affluer à son esprit. Il descendit de son tabouret et elle resta immobile sur le sien, lui lançant juste un regard réprobateur auquel il ne prêta pas attention. Il l’embrassa, elle n’aurait pas dû se laisser rassurer aussi facilement et pourtant ce fut le cas, ce n’était pas simple de tomber amoureuse de quelqu’un comme lui. Elle se doutait qu’en tant que chef de la mafia il devait avoir une vie assez mouvementée et c’était d’ailleurs l’occasion pour elle de se faire un tas de films, alors elle laissa passer. Elle soupira et dit avec ironie :

- Bon, je suppose qu’on ne peut rien y faire.

Il faudrait qu’il lui raconte, ça lui éviterait d’imaginer des histoires invraisemblables. La blonde esquissa à nouveau un sourire alors qu’il enfilait sa veste, elle aimait l’allure que ça lui donnait. Elle l’aimait tout court. C’était déconcertant. Elle commençait d’ailleurs à se faire un peu de souci à voir la tête qu’il faisait. On aurait dit qu’il était poursuivi tant il avait l’air pressé de partir, pourtant en regardant rapidement autour d’elle elle ne vit rien d’anormal, si l’on peut considérer comme normal une bande de jeunes et de moins jeunes gens en train de s’oublier dans l’alcool le jeu et d’autres activités nocturnes. Quel lieu insolite pour une rencontre du type de celle que la blonde venait de faire. Lloyd lui tendit un morceau de papier où il avait griffonné une série de chiffres. Je me demande quand je pourrai l’appeler. Peut-être pas depuis la maison, sinon il retrouvera Hansel... Bah, elle trouverait bien une cabine téléphonique. Elle attrapa la feuille. Le brun fit un mouvement étrange qui lui fit lever la tête. Pourquoi tout à coup son blouson avait-il l’air de se soulever… ? L’adolescente sauta en bas de son tabouret en manquant de tomber et s’éloigna brutalement. Elle porta un regard halluciné vers l’objet qui avait transpercé le blouson du jeune homme et poussa une exclamation. Il s’agissait vraiment d’un os ? Quelle horreur. Elle serra les dents, ça devait faire vraiment très mal.

- Qu’est-ce que… !? articula-t’elle avec difficulté.

Si encore ça s’était arrêté là, mais il semblait que la côte – apparemment c’en était une – continuait de s’allonger. Une deuxième commençait d’ailleurs à apparaître, Gret’ recula encore d’un air horrifié. Elle avait l’impression que l’os se tendait vers elle pour l’attraper, ça lui donnait la nausée. Elle ferma les yeux une seconde et respira aussi profondément qu’elle put en faisant un grand effort pour ne pas paniquer. Ça n’était pas dans ses habitudes mais bon, un peu de changement ne lui ferait pas de mal. Par la déchirure de son blouson, elle voyait une auréole rouge se former sur la chemise de Lloyd. Elle se mit à trembler. D’habitude elle n’avait pas peur du sang, ça ne l’impressionnait pas. Mais elle n’arrivait pas à se raisonner. Elle avait envie de se mettre à courir, ou à hurler – peut-être même les deux – mais elle n’y arrivait pas. Au lieu de ça elle restait plantée là et elle sentait les larmes lui monter aux yeux, comme une fillette fascinée par un film d’épouvante. Elle regarda Lloyd. Il avait eu l’air de se douter que ça arriverait, à présent elle comprenait pourquoi il avait voulu s’enfuir si vite. Peut-être qu’il savait aussi quoi faire pour arrêter ça ?

- Qu’est-ce que… répéta la jeune fille. … Qu’est-ce que je dois faire ?

Elle se demandait si l’adolescent avait besoin d’aide. Si c’était le cas elle ferait de son mieux, si au moins elle savait par où commencer...

love love love

Bon je suppose qu'on ne peut rien y faire ...

Le brun fit semblant de ne pas l'entendre. Lloyd ne savait pas mentir. Depuis qu'il était enfant il ne savait pas mentir. La blonde esquissa un sourire. Elle savait bien que il n'avait pas de rendez-vous. Elle regardait rapidement autour d'elle. Cherchant peut être celui qui le poursuivait. Mais les méchants dans l'histoire ce sont ses os. Ses organes, ses veines. A tut moment ils pourraient exploser comme une bombe. Son coeur aussi. La blonde attrapa le numéro. Elle le regarda et le fourra dans sa poche. Les os le transperçaient. Ses côtes notamment.

Qu'est-ce que ? ...

Gretel poussa un cri de dégoût à la vue de la côte qui transperçait Lloyd. Elle continuait à s'allonger, c'était Gretel qu'elle voulait. Elle était jalouse. Elles étaient jalouses car une deuxième côte sortit du torse du brun. Du sang coulait sur la chemise de Lloyd. L'adolescente commença à trembler. Les côtes se rapprochaient encore plus d'elle et Lloyd n'arrivait plus à les contrôler. L'adolescente articula avec difficultés quelques mots, cela devait être la suite de sa phrase :

Qu'est-ce que ... Qu'est ce que je dois faire ?

Il fallait qu'elle fuit. Qu'elle s'en aille. Qu'elle se cache. Elle ne devait pas toucher Lloyd. Pas encore. Ses os croyaient que c'était une ennemie. Ses os le protégeait. Juste.

« Laisse moi partir. Sinon tu te fera tué. Comme les autres. »

Il n'attendit pas la réponse et il sauta sur le lustre qui pendait au plafond. Il s'y aggripa. Et se balança jusqu'à a fenêtre. Le brun se retourna sous les visages horrifiés de la plupart de la clientèle. Il cria à Gretel :

« Appelle moi. »

Lloyd sauta. Il courut jusqu'à sa voiture. La drogue commençait à faire effet. Les os se calmaient. Son coeur n'essayait plus de sortir. Ses veines recommençaient à couler normalement. Il s'écrasa sur la banquette arrière de sa voiture. GOOD NIGHT LLOYD †

[ J'réponds et c'fini alors. (: ]

Cette fois elle en était sûre, les côtes de Lloyd se tendaient bien dans sa direction. Elle fit un pas de côté, les os frémirent, Gret’ n’arrivait qu’à formuler une seule pensée. Oh mon Dieu. Pas très constructif. Elle resta tétanisée en les suivant du regard, ils se rapprochaient. Elle hésita à attraper un tabouret pour se défendre, mais elle ne saurait pas où frapper et elle n’avait pas vraiment envie d’assommer l’adolescent, bien qu’elle ne soit pas certaine d’en avoir la force. Elle se remit à trembler sur ses jambes.

- Laisse-moi partir. Sinon tu te feras tuer. Comme les autres.

Comme quoi ? Elle n’eut pas le temps de réagir, le brun prit son élan et fit un bond spectaculaire, se suspendant au grand lustre qui se trouvait au milieu de la salle. Puis il se balança et prit appui sur une fenêtre, personne ne songea à s’interposer tant l’assistance était stupéfiée. Gretel aussi ouvrit de grands yeux devant ce que venait de faire le jeune homme, qui avait toujours les vêtements déchirés et tâchés de sang, et surtout ces étranges… trucs, qui lui sortaient de la poitrine. Il se retourna vers la blonde et lui cria de l’appeler. Ah ! Elle acquiesça mais il s’était déjà retourné et avait sauté hors du bâtiment. Pendant un instant le silence se fit dans le Red Cabaret puis la musique repris et chacun cligna des yeux en se demandant s’il avait bien vu ou s’il s’agissait d’une hallucination collective. Elle cessa progressivement de trembler et desserra les dents, les couleurs revenaient sur son visage. Elle tendit le bras et s’appuya de justesse sur un tabouret, elle s’y assit. Quelques personnes la fixaient encore, se demandant probablement si l’adolescente avait l’habitude de voir son ami s’enfuir par une fenêtre. Le barman lui n’en avait pas l’habitude. Il s’accouda au comptoir et se pencha vers Gretel.

- Et qui va payer ça ? cracha-t’il en pointant du pouce le verre vide de Lloyd.

Il n’avait pas l’air d’avoir remarqué l’état dans lequel se trouvait le jeune homme en quittant la salle. T’as une sale tête de pervers toi. Elle le regarda avec mépris. Ce n’était pas le moment de lui parler de payer, d’ailleurs elle n’avait pas d’argent, et puis elle n’avait pas l’habitude d’acheter ce qu’elle consommait – pour couronner le tout ce n’était pas elle qui avait bu cette bière. Ce crétin avait l’art de tomber au mauvais moment, alors que son «prince charmant» venait juste de se faire la malle. Elle se releva, se retourna vers lui et répondit, avec une moue sur le visage :

- Sois mignon, mêle-toi de tes affaires.

L’homme la détailla de bas en haut de son regard porcin et eut l’air d’hésiter. Puis il se calma et lui adressa un rictus repoussant qui se voulait charmeur.

- Ça va pour cette fois jolie demoiselle. C’est moi qui te l’offre.

C’est ça, ouais. La Chips hocha la tête en lui adressant un long regard bleu, puis elle tourna les talons et sortit aussi sec par où elle était entrée plus d’une heure auparavant, avant de s’enfoncer dans l’anonymat de la foule et le reposant brouhaha nocturne de Purple Town. Elle marcha jusqu’à l’arrêt de bus qui faisait face à celui auquel elle était descendue en arrivant, le véhicule se montra rapidement et elle monta. Elle prit la dernière place assise en doublant un jeune homme qui la dévisagea. Le bus démarra et la blonde se plongea dans le ronflement du moteur en enfouissant ses mains dans ses poches. Il faisait froid. Elle sentit quelque chose dans sa poche, c’était le numéro que lui avait laissé Lloyd. Elle sourit.
E N D